Les pieds bots congénitaux

21 February 2012

On regroupe sous le vocable commun de pieds bots congénitaux un certain nombre de déformations ou malformations des pieds constatées dès la naissance. Il en existe différentes variétés en fonction du sens de la déformation. Beaucoup sont bénignes; d'autres, au contraire, moins fréquentes, sont des anomalies qui aboutiront, en l'absence de traitement, à des déformations importantes du pied, sources d'infirmité. Les pieds bots sont soit isolés, soit secondaires à des maladies invalidantes, en particulier paralysantes.

Qu'est-ce qu'un pied bot?

Le terme de pied bot s'adresse d'une manière générale à « l'attitude vicieuse du pied telle qu'il ne repose plus sur le sol par ses points d'appui normaux » mais il est souvent employé dans le sens plus limitatif de pied bot varus équin congénital (PBVEC).

Types de pieds bots

Il est commode de classer les différents pieds bots en deux groupes selon que le pied se présente globalement relevé vers l'extérieur ou le haut ou, à l'inverse, tourné vers l'intérieur.

Premier groupe: pieds relevés vers l'extérieur ou le haut

Figure 1: Pied talus direct. Le genou est vu de profil. La plante du pied regarde vers l'avant (flèche)

Figure 1

Pied talus direct : le pied est en flexion dorsale maxima, presque au contact de la face antérieure de la jambe et le talon bien dessiné semble prolonger directement la jambe.

Figure 2: Pied talus valgus. Le genou est vu de profil. La plante du pied regarde vers l'avant et le dehors

Figure 2

Pied talus valgus : moins fréquent, le pied est relevé sur le versant antéro-externe de la jambe et la plante du pied regarde en dehors.

Figure 3. Pied convexe, vue de profil interne. La plante est convexe. Remarquer la saillie de la tête astragalienne (flèche)

Figure 3

Pied convexe : rare, associe un équinisme de l'arrière-pied et une flexion dorsale de l'avant-pied. En résulte une cassure de l'avant-pied sur l'arrière-pied et une convexité de la plante avec saillie perceptible de la tête astragalienne.

Second groupe: pieds tournés vers l'intérieur

Figure 4. Pes supanitus. Le genou est vu de face. La plante du pied regarde en dedans (flèche)

Figure 4

Pes supinatus : la plante regarde directement en dedans et la région dorsale du pied est externe. Cette attitude peut être réduite manuellement et l'arrière-pied n'a pas d'équinisme.

Figure 5

Figure 5

Métatarsus varus : déjettement en dedans des os métatarsiens et des orteils. Lorsque l'on regarde la plante du pied, l'avant-pied forme une angulation ouverte en dedans avec l'arrière-pied. Le bord externe du pied est convexe, le bord interne concave. Le gros orteil apparaît plus long et écarté des autres orteils.

Figure 6

Figure 6

Pied bot varus équin : le pied est complètement tourné en dedans de telle façon que la plante regarde en arrière si on oriente correctement le genou de face. l'analyse des déformations montre un équinisme de l'arrière-pied avec une coque talonnière déshabitée (le calcanéum étant ascensionné), un varus important du talon (il regarde en dedans), une adduction de l'avant-pied habituellement, les muscles péroniers sont inexcitables, du moins à la naissance.

Quelle en est la cause?

  • Un certain nombre de pieds bots sont des déformations posturales liées à une malposition intra-utérine (dans l'utérus). Il en est ainsi des déformations bénignes où l'examen médical de l'enfant est strictement normal par ailleurs : pieds talus direct et talus valgus, pes supinatus, métatarsus varus. D'autres anomalies positionnelles peuvent être associées : luxation de hanche, genu recurvatum, etc.
  • Certains pieds bots sont consécutifs à une affection neurologique ou neuromusculaire identifiable : spina bifida, arthrogrypose, myopathie, etc.
  • D'autres entrent dans le cadre d'une maladie congénitale de l'appareil locomoteur : malformations osseuses congénitales des membres inférieurs, maladie amniotique, etc.
  • Enfin, dans la majorité des cas, le pied bot varus équin apparaît sans cause décelable. Il atteint un enfant sur 1000, deux garçons pour une fille, et est bilatéral dans 50 % des cas. La pathogénie reste inconnue : génétique, neuromusculaire, liée à l'environnement, etc.

Quel traitement proposer ?

Les déformations posturales

Évolution : Le pied talus direct est toujours bénin. Avec un traitement simple, le pied redevient définitivement normal en quelques semaines. Il en est de même pour le pes supinatus. Le pied talus valgus est de pronostic moins bon. Son traitement est prolongé plusieurs mois et, à l'âge de la marche, l'enfant peut présenter un pied plat valgus. Un métatarsus raide non traité sera gênant pour le chaussage et par son retentissement esthétique.

Traitement : il repose sur des mesures orthopédiques simples : manipulations passives dans le sens inverse de la déformation, excitations musculaires dans le sens de la correction des défauts, et surtout immobilisation du pied en position de correction (bandages élastiques, plaquettes, attelles), permanente au début, puis intermittente selon les progrès obtenus. En cas de métatarsus varus raide du nourrisson, on a recours à des bottes plâtrées correctrices suivies d'un maintien nocturne par chausson articulé avant – arrière-pied (de Kite) ou par attelle.

Les pieds convexes

En l'absence de traitement, la déformation devient de plus en plus évidente et, à l'âge de la marche, l'appui se fera sur la partie moyenne de la plante. Cet appui anormal ne sera pas bien toléré et gênera la marche. Dès la naissance, le traitement est basé sur des manipulations et des attelles en position de correction progressive. Cependant, la correction complète n'est jamais obtenue et un traitement chirurgical sera indiqué avant l'âge de la marche.

Les pieds bots varus équin

En l'absence de traitement, les déformations s'accentuent et, à la marche, le pied repose par son bord externe, siège de callosités. Le pied n'est chaussable que dans des chaussures orthopédiques disgracieuses et, tôt ou tard, des douleurs surviendront.

Le traitement du PBVEC du nouveau-né ou du nourrisson est toujours et d'abord conservateur (non chirurgical : plâtres correcteurs successifs refaits par le chirurgien chaque semaine voire plus souvent, ou manipulations quotidiennes avec pose d'attelles entre les séances de rééducation). Ce traitement est astreignant et relève d'un kinésithérapeute expérimenté. Un résultat satisfaisant est obtenu dans environ 50 % des cas.

Figure 7: Attelle de Denis Browne. Les pieds sont fixés sur des plaquettes par des bandes adhésives puis solidarisés par la bande articulée

Figure 7

Le recours à la chirurgie est décidé sur l'échec du traitement conservateur au-delà de 4 à 6 mois. Son but initial est de libérer tous les « verrous » insuffisamment étirés par le traitement orthopédique (allongement tendineux, ouvertures articulaires (capsulotomies), excisions de tissus fibreux rétractés et reposition correcte des os des différentes articulations concernées...).

Quel que soit le traitement utilisé, il persistera une atrophie du mollet, un pied de taille réduite, une diminution des mobilités articulaires, voire une inégalité de longueur des membres inférieurs.

source d'origine : http://cirrie.buffalo.edu/encyclopedia/fr/article/350/