La définition originale de la planification des soins à vie

7 January 2012

La première définition de la planification des soins à vie se lit comme suit:

« Une méthodologie uniforme pour l'analyse de tous les besoins dictés par l'apparition d'un handicap grave, et ce, tout au long de la durée de vie anticipée du patient. L'uniformité signifie que les méthodes d'analyse demeurent les mêmes d'un cas à l'autre, mais que les mêmes services dispensés ne sont pas nécessairement semblables pour les mêmes incapacités. » (Deutsch et Raffa 1981; Deutsch et Sawyer 2002)

Deux éléments de cette définition nécessitent une discussion plus approfondie: les concepts de méthodologie uniforme et de recommandations axées sur les besoins.

Une méthodologie uniforme

Afin d'analyser les besoins des patients de manière plus efficace et plus adéquate, les planificateurs de soins à vie doivent employer une méthodologie et une manière uniforme d'aborder cette tâche. Plutôt que de se laisser envahir par la complexité du processus, ces derniers organisent, évaluent et interprètent les renseignements particuliers aux patients de manière intentionnelle et méthodique. Lorsque l'on recueille et gère les données de manière systématique, on est en mesure de cibler chaque détail propre à la situation d'un patient. Des mesures préventives peuvent alors être appliquées dans le souci de contrecarrer les complications médicales qui pourraient survenir, les incohérences dans les soins, les recommandations d'équipement ou d'approvisionnement inadéquates et les programmes de réadaptation peu réalistes.

Tel que mentionné précédemment, il existe des situations de soins à court terme qui échappent à toute prévision et l'objectif de la planification des soins à vie est de les minimiser. En réaction à une situation de crise, le patient, la famille et les professionnels impliqués n'ont souvent pas l'occasion de tenir compte de manière judicieuse des conséquences que certaines décisions peuvent occasionner et doivent agir rapidement pour résoudre une situation dangereuse. En réalité, on a le plus souvent peu de choix parmi les mesures nécessaires pour stabiliser ou maintenir l'état d'un patient.

Des recommandations axées sur les besoins

Lorsque l'on suit une méthodologie uniforme, il est possible d'accéder à la recherche concernant les incidences chez le patient tout au long du processus de planification des soins à vie. Il faut se rappeler que l'analyse expérimentale du comportement, l'un des éléments constitutifs de la sous-spécialité, a contribué à faire de la procédure de création de tableaux de comportements un moyen d'analyser le handicap. On utilise les modifications identifiées dans les comportements des patients pour mesurer les incidences positives et négatives des facteurs environnementaux, des interventions médicales et des techniques de réadaptation.

Ce type de recherche permet aux planificateurs de soins à vie de compiler une base de données sur les incidences en fonction des limitations et des besoins propres à chaque patient. En plus des incidences, des objectifs de traitement et de réadaptation à court terme sont déterminés d'après ce qui a été établi comme efficace par la recherche. Il est possible de déterminer de manière plus fiable les besoins en soins infirmiers et en soins auxiliaires, les exigences relatives au matériel, les niveaux de traitement et de maintien, ainsi que divers domaines semblables, si l'on se fonde sur les conclusions établies d'après les recherches.

Les recommandations comprises dans le plan de soins à vie doivent tirer leur origine de résultats médicaux et de réadaptation tirés de rapports de recherche connus. Des recommandations fondées sur des facteurs autres que les besoins du patient sont voués à l'échec. Cela ne veut cependant pas dire que des complications imprévues ne peuvent survenir, mais il est possible de réduire l'incidence de telles situations de crise en respectant les méthodologies établies. Les plans de soins à vie fondés sur des préoccupations financières peuvent mettre en danger la santé et le bien-être des patients qui nécessitent plus de soins, de matériel ou de services que leurs ressources financières ne peuvent leur permettre.

Il faut s'imposer une dose de réalisme quelque part dans ce processus. La phase de mise en œuvre du plan permet aux gestionnaires de cas de travailler en collaboration avec des professionnels issus de nombreuses disciplines et des organismes communautaires afin de faire de preuve de créativité dans la résolution des problèmes de financement et d'identifier des sources collatérales de soutien. La mise en œuvre efficace du plan passe par un travail d'équipe, en tenant compte de toutes les avenues de financement possibles.

Le développement de base du plan de soins à vie

Au fur et à mesure que la planification de soins à vie a évolué au cours des trente dernières années, elle a été influencée par de vastes recherches dont la plus grande partie a été financée par la Foundation for Life Care Planning Research. Il est maintenant reconnu que les plans ont besoin de solides assises. Il faut donc créer une base solide dans quatre domaines essentiels conformément aux recommandations particulières qui sont touchées:

  1. les assises médicales;
  2. les assises en réadaptation;
  3. les assises en gestion de cas;
  4. les assises psychologiques.

Les étapes comprises dans l'établissement des assises médicales sont les suivantes:

  1. Établir des liens directs entre les dossiers médicaux et les recommandations du plan.
  2. Écrire aux membres médicaux et paramédicaux de l'équipe de traitement pour obtenir des réponses aux questions sur le plan de soins que les dossiers existants n'ont pas permis d'obtenir.
  3. Consulter des conseillers spécialisés.
  4. Consulter les guides de pratique clinique.
  5. Consulter les rapports de recherche.

Les étapes de l'établissement des assises de la réadaptation sont semblables:

  1. Utilisation efficace des dossiers médicaux et de réadaptation en reliant soigneusement cette information aux recommandations du plan.
  2. Écrire aux membres médicaux et paramédicaux de l'équipe de traitement pour obtenir des réponses aux questions sur le plan de soins que les dossiers existants n'ont pas permis d'obtenir.
  3. Consulter des conseillers spécialisés.
  4. Consulter les guides de pratique clinique.
  5. Consulter les rapports de recherche.

Les étapes de l'établissement des assises de la gestion de cas sont les suivantes:

  1. Utilisation efficace des dossiers médicaux et de réadaptation en reliant soigneusement cette information aux recommandations du plan.
  2. Écrire aux membres médicaux et paramédicaux de l'équipe de traitement pour obtenir des réponses aux questions sur le plan de soins que les dossiers existants n'ont pas permis d'obtenir.
  3. Écrire au gestionnaire de cas actuel à propos du dossier.
  4. Consulter des conseillers spécialisés.
  5. Consulter les guides de pratique clinique.

Les étapes de l'établissement des assises psychologiques sont les suivantes:

  1. Utilisation efficace des dossiers médicaux et de réadaptation en reliant soigneusement cette information aux recommandations du plan.
  2. Écrire aux membres médicaux et paramédicaux de l'équipe de traitement pour obtenir des réponses aux questions sur le plan de soins que les dossiers existants n'ont pas permis d'obtenir.
  3. Écrire au psychologue ou au conseiller en santé mental autorisé actuel à propos du dossier.
  4. Consulter des conseillers spécialisés.
  5. Consulter les guides de pratique clinique.

Quelle que soit la spécialité des planificateurs de soins à vie, il faut bien comprendre qu'aucun praticien de cette sous-spécialité ne possède l'expertise nécessaire pour élaborer un plan de soins à vie à lui seul sans tirer profit des compétences des spécialistes issus d'une vaste gamme de domaines professionnels par le biais de consultation, d'interaction avec les médecins traitants et les membres paramédicaux de l'équipe et sans consulter à la fois les guides de pratique clinique et les rapports de recherche. Les personnes ayant des incapacités interagissent avec une vaste gamme de spécialistes médicaux et de nombreux membres paramédicaux de l'équipe de traitement. Si l'on s'attend à ce qu'un seul médecin, un seul conseiller en réadaptation, une seule infirmière, un seul psychologue ou tout autre professionnel travaillant à l'établissement du plan de soins soit en mesure de déterminer de façon autonome tous les besoins de chaque incapacité sans consulter aucun de ces professionnels traitants et sans tirer profit de toute la documentation disponible, on sous-estime grandement la complexité et l'objectif du processus de planification des soins à vie.