Anesthésiques inhalés

7 January 2012

Le mécanisme d'action des anesthésiques inhalés est inconnu. Compte tenu de la multiplicité des structures chimiques agissant comme anesthésique (gaz rares xénon, hydrocarbures, hydrocarbures halogènes), il semble exclu d'envisager une interaction avec des récepteurs spécifiques. Parmi les hypothèses, on envisage une insertion du produit dans la couche interne lipophile de la double membrane phospholipidique des cellules nerveuses, ce qui bloquerait l'excitabilité électrique et la propagation de la stimulation dans le cerveau. Cette proposition permettrait d'expliquer la corrélation entre l'intensité de l'effet anesthésique et la lipophilie des anesthésiques. On peut également penser à une interaction avec les domaines lipophiles de protéines membranaires. L'activité narcotique sera donnée sous forme de CAM (concentration alvéolaire minimale du narcotique) ; à cette valeur 50 % des patients ne présentent aucune réaction de recul face à un stimulus douloureux défini (coupure cutanée). Tandis que le protoxyde d'azote (N20) faiblement lipophile doit être respiré en forte concentration (> 70 % de l'air inspiré doit être remplacé), il est nécessaire d'utiliser des concentrations beaucoup plus faibles d'halothane, un composé lipophile (< 5 %).

La vitesse avec laquelle l'action d'un anesthésique inhalé s'installe et disparaît est très variable et dépend également du caractère lipophile de la substance. Dans le cas du N20, l'élimination s'effectue très rapidement lorsque le patient est de nouveau ventilé avec de l'air pur : compte tenu de la pression partielle élevée dans le sang, la force poussant au passage dans l'air (expire) est importante, et l'organisme peut être rapidement « purgé » du N20 à cause de la faible capture dans les tissus. Au contraire, la pression partielle dans le sang est faible dans le cas de l'halothane et la quantité de produit répartie dans l'organisme est importante, si bien que l'élimination a lieu nettement plus lentement.

Le protoxyde d'azote seul (gaz hilarant N20) ne permet pas d'atteindre un profondeur d'anesthésie suffisante not pratiquer une opération chirurgical même lorsqu'il représente 80 % en volume de l'air inspiré (il est nécesaire d'avoir 20 % d'oxygène en volume). M r possède une bonne action anesthésique qui sera utilisée en combinaison avec d'autres anesthésiques. En tant que gaz le protoxyde d'azote peut être appliqué sans que l'on ait à s'occuper d'autres détails, il demeure inchangé et est inspiré quantitativement par les poumons.

L'halothane (point d'ébullition 50°C), doit être vaporisé avec des appareils spéciaux, comme l'enflurane (56 °C) et l'isoflurane (48 °c). Une partie de l'halothane administré peut donner naissance à des métabolites hépatotoxiques.

Lors d'une anesthésie à l'halothane il peut se produire une lésion hépatique, événement rare et pratiquement imprévisible. Le risque de cette atteinte augmente avec la fréquence des anesthésies et le faible intervalle entre deux anesthésies successives.

Lors d'une anesthésie à l'enflurane ou à l'isoflurane (fraction biotransformée < 2 %) les produits de dégradation ne jouent pratiquement aucun rôle.

L'halothane a un effet hypotenseur marqué, auquel participe un effet inotrope négatif. L'enflurane et l'isoflurane exercent une action dépressive plus faible sur l'activité cardiovasculaire. L'halothane sensibilise le muscle cardiaque contre les catécholamines (attention : tachyarythmies sévères, fibrillation ventriculaire en cas d'administration de catécholamines comme antihypertenseurs ou tocolytiques). Cet effet est moindre dans le cas de l'enflurane et de l'isoflurane. L'enflurane et l'isoflurane possèdent au contraire de l'halothane une action relaxante sur les muscles, qui s'ajoute à celle des myorelaxants non dépolarisants.

Le desflurane a une structure proche de celle de l'isoflurane, mais il est moins lipophile. On obtient donc une induction et une élimination particulièrement rapide ainsi qu'une bonne maniabilité de l'anesthésie.